Le projet de loi français favorise le nucléaire, suscitant des interrogations sur les objectifs climatiques et l'avenir des énergies renouvelables.
Dans le cadre du récent projet de loi visant la souveraineté énergétique, le gouvernement français s'engage fermement en faveur du nucléaire et pousse les sources d'énergie renouvelable à un rôle secondaire. Alors que les objectifs chiffrés relatifs aux renouvelables manquent dans ce texte, la question se pose : est-ce une simple omission ou une intention délibérée ?
Les objectifs de relance nucléaire au cœur des préoccupations
Dans cette proposition de loi, le gouvernement sortant expose des objectifs précis pour la relance du secteur nucléaire. Plusieurs mesures sont annoncées pour dynamiser l'industrie, notamment la construction de nouveaux réacteurs, l'allongement de la durée de vie des centrales existantes et des investissements dans la Recherche & Développement. Le but affiché est clair : soutenir la filière nucléaire française et garantir l'approvisionnement en énergie électrique du pays à long terme.
L'ingénieur et expert en énergie Jean-Marc Jancovici serait-il passé par là ? Sa position en faveur du nucléaire fait beaucoup parler ces dernières années, et son pouvoir de conviction agit dans les médias et pourquoi pas sur les personnalités politiques telle que la Ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher ? Quoi qu'il en soit, cette favorisation du nucléaire à long terme va dans le sens des visions de Jancovici qui considère que le nucléaire est le scénario le plus réaliste à ce jour pour réaliser les objectifs climatiques avant qu'il ne soit trop tard.
Un manque de contenu relatif aux énergies renouvelables
En revanche, le texte proposé semble privilégier le nucléaire au détriment de sources d'énergie respectueuses de l'environnement telles que l'éolien, le solaire ou encore l'hydroélectricité. Si quelques références sont faites à la nécessité de diversifier les sources d'approvisionnement en énergie, aucun objectif chiffré n'est annoncé concernant la part des renouvelables dans la consommation d'électricité du pays. Cette omission a suscité déception et interrogation chez les défenseurs de l'environnement et les acteurs du secteur des énergies propres.
La question climatique reléguée au second plan
Les défenseurs de l'environnement déplorent également l'absence de dispositions visant spécifiquement à lutter contre le changement climatique et les réductions d'émissions de CO2. En ne retenant pas d'objectifs concrets pour augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique français, ces derniers craignent que la dynamique vers une transition écologique nécessaire s'essouffle.
L'élargissement des tarifs réglementés de vente (TRV) d'électricité aux collectivités
L'avant-projet de loi propose également d'étendre les tarifs réglementés de vente d'électricité aux collectivités, confirmant ainsi une tendance déjà observée depuis quelques années. Ce dispositif présente des avantages certains pour les communes souhaitant se tourner vers des fournisseurs alternatifs pratiquant des offres concurrentielles. Les nouveaux tarifs devraient être bénéfiques pour ces clients qui pourront réaliser des économies d'échelle.
La construction de nouveaux réacteurs
En Janvier 2024, la France dispose de 47 réacteurs nucléaires. Ce qui représente 5 réacteurs de plus qu'en Janvier 2023 et qui témoigne d'un retour en force du parc nucléaire français. Par ailleurs la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher annoncait Dimanche 7 Janvier 2024 dans une interview à La Tribune que la France devrait aller plus loin que la construction de 6 réacteurs (EPR) nucléaires annoncés par Emmanuel Macron. En effet, selon la ministre, il faut d'ores et déjà considérer les 8 EPR qui étaient en option, dans la mesure où les anciens réacteurs ne pourront pas durer éternellement.
L'allongement de la durée de vie des centrales existantes
Afin de limiter les investissements dans les nouveaux réacteurs nucléaires, il sera également prévu de prolonger la durée de vie des réacteurs existants. La durée de vie d'un réacteur nucléaire est d'environ 60 ans, sachant qu'il est contrôlé de manière très régulière et très stricte avec obligation de réparations pour avoir l'autorisation de continuer son exploitation. Il serait possible d'envisager un maximum de durée de vie de 80 ans si on veut pousser plus loin.
Quelles conséquences pour le secteur des énergies renouvelables ?
Les critiques soulignent que cette orientation en faveur du nucléaire pourrait compromettre le développement des énergies renouvelables et par conséquent, les efforts de notre pays pour atteindre ses objectifs climatiques. Le soutien insuffisant au secteur des énergies propres risquerait d'affecter négativement l'essor de ces technologies ainsi que leur compétitivité.
Un signal négatif pour les investisseurs ?
En privilégiant le nucléaire, la France pourrait envoyer un mauvais signal aux investisseurs nationaux et internationaux intéressés par les énergies renouvelables. Ces derniers pourraient se détourner de projets prometteurs et freiner les développements futurs. Cela serait dommageable pour une filière vertueuse qui ne demande qu'à se développer.
La nécessité d'un vrai débat public sur l'énergie
Ce projet de loi pose finalement la question plus large de la politique énergétique de la France et de son orientation future. Face à l'urgence climatique et une demande grandissante en matière d'électricité, il faut orienter correctement les efforts du gouvernement et des partenaires industriels vers une transition énergétique juste et efficace. Dans ce contexte, un véritable débat public sur la transition énergétique s'impose, afin de prendre en compte les préoccupations des citoyens et de tenir compte des enjeux environnementaux et économiques à long terme.